Succès des « Communes du millénaire » malgré le manque de moyens financiers

DAPAONG, 27 sep (IPS) – «Nous avons de l’électricité dans notre village grâce à des panneaux solaires, nos enfants étudient dans des salles de classe en ciment et notre village dispose désormais d’un centre de soin avec une ambulance», s’est réjoui Yayédi Pougounimpo, président du comité de développement du village de Naki-Est.

Ce village est situé à 650 kilomètres au nord-est de Lomé et bénéficie, tout comme Kountoiré, une autre localité du nord, d’un ambitieux programme de développement, baptisé « Commune du millénaire », qui lui permet depuis deux ans de faire face à la pauvreté.

Le projet, qui entre dans le cadre des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) portant sur l’éducation, les infrastructures, la santé et les services de base, a été lancé dans le but de développer les communautés rurales et de les rendre autonomes.

«Ce programme nous a permis d’améliorer nos activités pédagogiques et à la fin de l’année, nous avons eu un bon résultat car l’année passée, nous avons eu un pourcentage de réussite de 65 pour cent mais cette année nous sommes allés au delà de 80 pour cent», a témoigné Seidou Djagouti, un directeur d’école.

La région septentrionale du Togo, qui en est bénéficiaire, constitue la zone la plus pauvre du pays. Les données officielles indiquent que 90,5 pour cent des personnes qui y vivent sont pauvres. La pauvreté est très remarquable dans cette région très aride et confrontée à des conditions climatiques très variables avec une forte prévalence en maladies, un manque d’accès aux soins médicaux et une carence sévère en infrastructures.

«Nous manquons cruellement de moyens pour avoir de bonnes récoltes sur cette terre aride, nous n’avons pas les moyens pour acheter de l’engrais, et cela a des conséquences sur la culture et donc on souffre beaucoup et la pauvreté s’aggrave», a confié à IPS Seidou Kouanta, agriculteur.

Selon les résultats d’une enquête officielle réalisée en 2006 et contenue dans le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DRSP), cette zone appelée région des Savanes présente l’indice de pauvreté le plus élevé du Togo, soit 90,5 pour cent par rapport à une incidence moyenne nationale de pauvreté de 61,7 pour cent.

Dans les domaines de l’éducation, de la santé, les indicateurs ne se portent pas mieux. Cette situation a motivé la mise en place du programme conjoint « Commune du millénaire » qui entre dans le cadre du projet « Villages du millénaire » en vue d’atteindre les huit OMD.

Au Togo, le projet porte l’appellation « Commune du millénaire » en raison d’une loi sur la décentralisation qui crée des communes rurales dans le pays.

A travers ce projet, plusieurs infrastructures ont été installées dans les deux villages concernés notamment des écoles, des centres de santé, des points d’eaux et des panneaux solaires pour la fourniture d’énergie électrique. Ainsi, de plus en plus de bâtiments scolaires en ciment sont construits dans les villages grâce au soutien des partenaires et l’apport des communautés.

«Tout se passe très bien depuis le diagnostic participatif jusqu’à la construction des écoles, des centres de soins et l’installation des panneaux solaires», a expliqué Yedoubé Kolani, cultivatrice à Naki-Est. Elle a reconnu la forte participation de la communauté dans les travaux. Les populations ont désormais accès à des soins de santé dans un cadre amélioré.

«Non seulement nous disposons désormais d’un cadre de travail digne de ce nom mais aussi nous avons la possibilité de soigner les patients la nuit grâce aux panneaux solaires et même s’il reste beaucoup à faire, le peu que nous avons eu, nous en sommes très reconnaissants et fiers», a dit à IPS El Hadj Yaya Ousmane, médecin à Naki-Est.

Dix « Communes du millénaire » ont été identifiées dans les quatre régions les plus démunies du Togo. Démarrée depuis deux ans dans les communes de Naki-Est et Kountoiré, la première phase pilote devrait coûter environ 21,26 millions de dollars.

«Actuellement, je ne pense pas qu’on ait déjà mobilisé deux millions [de dollars] après deux ans», a regretté Douti Piaké, coordinateur du programme « Communes du millénaire » dans la région des Savanes au Togo. «Ça veut dire qu’il faut une mobilisation des ressources.» Des stratégies, informe Piaké, sont en train d’être élaborées pour la mobilisation des ressources et la duplication de ce projet dans d’autres régions du Togo. (FIN/2010)

par Noel TADEGNON (IPS)

~ par noeltadegnon sur 28 septembre, 2010.

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