Technique obstétricale contre les hémorragies des femmes en couche

LOME, 3 juin (IPS) – «Les saignements anormaux après l’accouchement constituent un problème de santé publique, étant donné qu’ils sont l’une des principales causes de décès des femmes en couche», affirme Dr Jean-Claude Kolani, secrétaire général adjoint de la société de gynécologie et d’obstétrique du Bénin et du Togo.

Pour faire face ce problème, le Togo a adopté depuis quelques années une technique qui permet de sauver la vie des femmes en couche. C’est la technique de la Gestion active de la troisième période de l’accouchement (GATPA).

«C’est une technique très efficace qui n’est pas du tout compliquée, et très simple à appliquer», déclare à IPS, Dr Rock Adama, gynécologue obstétricien au Centre hospitalier universitaire de Lomé, la capitale togolaise. «Depuis l’introduction de cette technique dans nos hôpitaux, Nous avons constaté que le nombre de cas d’hémorragie de la délivrance a considérablement baissé».

Aucune statistique fiable n’est pour le moment disponible dans le pays, mais comme Dr Adama, l’ensemble des prestataires, notamment les sages-femmes, ne cachent pas leur satisfaction devant l’efficacité de la GATPA.

«Il est évident que la technique réduit la perte de sang et, dans certains cas, on ne constate même pas de saignement», souligne Kayi Lawson-Ananisso, une sage-femme.

Elle a indiqué à IPS que l’hémorragie, qui survient au moment de la délivrance, est la première cause de mortalité maternelle. Et selon elle, il suffit de bien appliquer les trois gestes de la technique GATPA pour que la femme accouche sans difficulté.

«La technique consiste à administrer de l’ocytocine, qui est une hormone qui va aider l’utérus à se rétracter, dans la minute qui suit, après la naissance de l’enfant, suivi d’une délivrance par traction contrôlée du cordon ombilical et de la stabilisation de l’utérus en appliquant une contre-pression et le massage de l’utérus à travers la paroi abdominale après la délivrance», explique à IPS, Madeleine Ayéna, une autre sage-femme à Lomé.

«On effectue une palpation de l’utérus à travers la paroi abdominale toutes les 15 minutes pendant deux heures pour s’assurer de sa fermeté, et le contrôle de la quantité de pertes sanguines vaginales», a-t-elle ajouté.

De leur côté, les femmes bénéficiaires de cette intervention obstétricale font part de leur soulagement et de leur satisfaction face au succès de cette technique.

«Il y a cinq ans, j’avais eu une forte hémorragie lorsque j’étais en couche et selon les médecins, j’ai eu beaucoup de chance, sinon je devais perdre la vie, mais cette fois-ci, ils m’ont dit qu’ils disposent d’une technique performante qui m’a évité les problèmes au dernier accouchement», témoigné Fatima Ouro Djobo, qui a accouché en mai 2011.

Selon Dr Kolani, l’enseignement de la technique de la GATPA au Togo se fait au cours de la formation des prestataires de soins. Il a indiqué qu’une formation spécifique avait été donnée aux prestataires qui exercent dans des cliniques privées et dans les principaux hôpitaux publics du pays.

«A ce jour, dans nos maternités, le tableau de la procédure de la technique est affiché et les prestataires l’appliquent», affirme-t-il à IPS.

Dr Adama a ajouté que «dans les écoles de formation en santé au Togo, cette technique, promulguée et encouragée dans son utilisation par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est automatiquement enseignée».

Selon les statistiques officielles, le taux de mortalité maternelle au Togo est de l’ordre de 447,1 décès pour 100.000 accouchements; et 80 pour cent de cette mortalité sont dus à des causes directes comme les hémorragies (36,4 pour cent), l’hypertension artérielle (23,5 pour cent), les complications d’avortement (16,9 pour cent), les infections (14 pour cent), les accouchements difficiles (7,3 pour cent).

Pour faire face aux problèmes de mortalité maternelle, le Togo a lancé depuis septembre 2010 la «Campagne pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique» (CARMMA) qui a pour thème «Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie».

La CARMMA consiste au recrutement d’un personnel qualifié, au renforcement des compétences des prestataires de soins obstétricaux et néonatals d’urgence, à la construction de nouveaux centres de santé, et à la subvention de la césarienne. La gratuité de la césarienne est devenue effective au Togo depuis le 2 mai 2011.

Dans le souci de soutenir les efforts du Togo, le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) a offert à ce pays d’Afrique de l’ouest, en mai 2011, des équipements pour les soins obstétriques d’urgence.

«Dans un pays où la mortalité maternelle est encore très importante, toute aide de cette nature est la bienvenue», a déclaré, à cette occasion, Komlan Mally, le ministre togolais de la Santé. (FIN/2011)

Noël Kokou Tadégnon

~ par noeltadegnon sur 3 juin, 2011.

Une Réponse to “Technique obstétricale contre les hémorragies des femmes en couche”

  1. L’ocytocin est administré combien de fois et dans combien de jours?

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